
"Et elle avait un problème avec son âme. Elle ne voulait la partager avec personne. Ce n'était pas de sa faute.
Elle avait appris à se défendre, à donner des coups, elle n'avait jamais appris à s'abandonner. (...)
Elle se laissait enlacer, allonger sur le grand lit, tentait de toutes ses forces de le suivre, de parler son langage. Se relevait, furieuse, brossait ses cheveux à s'en faire saigner le cuir chevelu, prenait une douche brûlante, une douche glacée, s'étrillait, furieuse, au gant de crin, serrait les dents, lui jetait des regards noirs. (...)
Alors...je l'aime, elle s'étonnait tout haut. C'est ça, l'amour ? Je veux dire, le vrai amour ? Est-ce que je dois apprendre à aimer ?(...) Renoncer au corps-à-corps dont je me relève indemne pour affronter un autre danger, bien plus effrayant ? Celui qui consiste à aimer quelqu'un, corps et âme ? Et ma colère... Y trouvera-t-elle son compte ? Voudra-t-elle bien s'effacer ? Dois-je m'en débarrasser ? Comment faire ?
Elle restait droite dans la rue, à l'abri de la pluie, le dos collé contre la vitrine d'un libraire Waterstone's sur Piccadilly, dévisageant les piétons, s'interrogeant, comment font-ils eux ? Se posent-ils toutes ces questions ? Suis-je malade, torturée, tordue ? Qu'est-ce qui m'a rendue si méfiante ? Si réticente...
Elle se mordait les doigts, mordait ses poings, frappait sa tête de ses poings fermés et répétait inlassablement pourquoi ? pourquoi ? "
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